samedi 11 septembre 2010

Dissolution d'un ectoplasme (V)




Illustration D.M.



-15-


(Murs nus, à nouveau)

Marie-Françoise Vous les avez pas jetés, au moins ?

M. Terreneuve Non.
Pas le courage. Trop lâche.
Si j’ai quelque-chose à balancer…

Marie-Françoise C’est une bêtise, m’engueulez pas, que j’vais dire : Ca fait plus clair, comme ça.
Vous auriez une pièce spéciale, je dis pas, mais là, dans la pièce à vivre…

M. Terreneuve C’est toujours plus clair, quand le malheur se cache.

Marie-Françoise Je ne porte aucun jugement de valeur sur votre travail ! Je vous l’ai déjà dit et promis !

M. Terreneuve C’est pas du travail…
Des larmes…
Tout juste… du désespoir…
Du jus de corps démantibulé…

Marie-Françoise C’est ce qu’on dit des plus grands artistes, et de leurs œuvres, vous savez !

M. Terreneuve Les grands artistes, au moins, savent peindre… exercent des techniques… peignent, écrivent de leur brillante cervelle !
Moi, je n’ai plus rien, plus de techniques, plus d’envies, plus de mots, plus d’impulsions, plus de cervelle !
C’est comme si…
Comme si…
On m’avait coupé les mains !
Vous entendez ?
On m’a coupé les mains !
Comment un homme peut-il se battre
Se débattre, sans ses mains
Dépossédé de ses outils d’homme
De sa fougue d’homme ?

Marie-Françoise S’il vous plait, monsieur Julien, s’il vous plait, par pitié, ne vous montez pas contre moi…
Aidez-moi, hein, aidez-moi à comprendre…
Vous me dites « -Je n’ai plus de mains, on m’a coupé les mains… »… et je vois bien, moi, que vous n’êtes pas manchot, que vous passez des heures à étendre de vos mains des couleurs et des mots sur du papier !
Même si ça vous est difficile à cause du mal que ça vous fait, je vois bien, moi, que…

M. Terreneuve Vous vous trompez, Mademoiselle…

Marie-Françoise Madame, Monsieur Julien, Madame !

M. Terreneuve Madame, évidemment, Madame….
Comme tout le monde…
Comme tout le monde…
Qu’est-ce que je disais ?

Marie-Françoise « -Vous vous trompez, Madame… » C’est ça que vous disiez, au sujet de vos mains que je persiste à voir…

M. Terreneuve Mes mains…. Qu’est-ce qu’on a à parler de mes mains…
Mes mains… Peut-on appeler ça des mains ?
De la chair et… de l’os…
Des battoirs, peut-être…
Des arrache-clous…
Des gratte-oreilles…
Pour rester poli…
Voilà ce que vous voyez !
Voilà ce que tout le monde voit !
Voilà ce qui doit être montré et vu !
Des mains arrache-clous
Des mains battoirs
Des mains outils
Des mains de force
Des mains de bête
Des mains de forçat
D’homme de peines…
Des mains sans…
Sans…
Sans âme !
Mais je ne les reconnais pas, moi, ces mains de glaise !
Ce ne sont pas elles qui ont éclos dans le ventre de ma mère,
Jeunes et subtiles
Fines et sensibles,
Ce ne sont pas elles
Que mon âme d’enfant pur
A mis à bourgeonner
A l’envergure de ses membres,
A l’extrême frontière de son corps et du monde !
Ce ne sont pas ces espèces de pattes grossières,
Ces espèces de fourches, de pinces
D’arrachoirs !
Que j’ai désirées et confiées à l’alchimie vivifiante de la Conscience Universelle !
Les mains que mon âme offrait à ma famille d’Humanité,
Que je désirais donner en partage pour…
Pour faire avancer, à ma place et à ma mesure,
la grande et unique Fraternité dans la voie de la lumière et de la Conscience,
Ces mains-là, croyez-moi, madame, ces mains-là…
Si l’on avait voulu…
Si l’on m’avait seulement… Permis !
Oh ! C’est facile, savez-vous, de détruire un homme !
D’éteindre la flamme d’un homme.
C’est si facile…
Et si indispensable !



-16-


Chœur Poème de Julien TERRENEUVE

Il ne sera pas dit
que je n’aurai pas écrit
que ce soit
de rien
ou du reste
le sang
me bouillonne
à l’idée des mots
couchés
et ton image
sans cesse
présente
depuis des jours
me presse
en ce long soir
sans but
dans les retranchements
de mes résistances
intimes
avant que de sombrer
dans mes lourds
sommeils
d’homme
perdu.

Il ne sera pas dit
que je n’aurai pas
écrit
et pourtant,
lourds
comme autant
de gluantes
gouttes
de mélasse
les mots
-que dis-je-
les idées
les sensations
d’engourdissement
lascif
me scellent au seuil de
l’inconscience.

C’est
tellement
difficile
de dire

C’est
tellement
difficile
de dire

C’est
tellement
difficile…

Et pourtant
Hé Hé !
Et pourtant !

Il ne
faudrait pas
grand-chose,
comme ce grain de
sel
comme cette pincée
de levain matinal
comme ce hold-up
d’une caresse
esquissée
sur le velours
léger
de tes cheveux
distillés
pour évanouir
comme un cauchemar
sublimé
l’absence
des jours
vécus
et des nuits
irréalisées.

Et pourtant
dans le vibrillonnement
glacial
des cristaux
nocturnes
l’imaginaire
vagabond
n’oserait-il prétendre
à de volcaniques
rencontres,
à d’incommensurables
excès ?


Et si
demain
existait
et Nous
avec ?

Et si
Tu
existais
et Moi
avec ?

Et si
J’existais
Et Toi
avec ?

Tout est
tellement
mystérieux
tout est
tellement
surréaliste
que l’ombre même
de l’ombre
étend son voile
tiède
sur l’intime
conviction du
néant .

To be
or not to be,

n’est plus
la question
puisque tes yeux
sont bleus
et les miens
éperdus.

Tout étant toujours
à refaire
tu me pardonneras
ces mots
qui croient remuer
dans les eaux
mortes
de mes regrets
des vagues
semblables
aux vagues,
distiller
des rêves
pareils
à des vies
oubliées.

Il se trouvera toujours
-Fut-ce hasard
ou entourloupe-
quelque vent du large
aux senteurs
exhaussées
pour éveiller
à saccades
soutenues
le cil d’un songe
éteint
aux côtes
d’une mer
brune.

Il est des
vents
d’automne
à foutre
les pieds en l’air
au chêne enraciné
au roc
de la mort ;
il est des
vents
d’automne
acides
exaspérants
à faire rosir
les joues
des marbres de
Camille.

Il se trouvera toujours
au sein
du creuset
alchimique
quelque atome
d’or
miraculeux
qu’une main de Père-Noël
hilare
saupoudre à
l’emporte-espoirs,
à
l’emporte-rêves

Et le temps
et le temps
souffle
si fort ici
que je crains
chaque instant
la tempête
dernière,
celle-là même
qui froisse,
comme on ferait
d’un rien,
la tôle d’un navire
en Mer
de la Fécondité.

Et le temps,
et le temps
souffle
si dur ici
que des blocs de mots
s’échappent et
se fracassent
sur le granit
de l’Arche
de l’attente
éternelle et
désespérée.

Dans les miettes
de possible
et gravats
d’utopie,
dans les rejets d’éclats
de rires,
dans le duvet
détrempé
des anges
à plumes caduques,
je trouverai pourtant
la trace
estompée mais vive
de l’ancien et
du nouveau monde
sans dieux ni maîtres,
l’empreinte vomie
exécrée et
iconoclaste
de la Liberté,
celle-là même
qu’on se sirote,
assis
beaux
main dans la main,
au zinc secret mais
surpeuplé
de chez
la « Jeanne »
du copain d’abord.

Dans l’infusion
de nos regards
nous diluerons du
temps
en poudre,
à satiété et
jusqu’à plus soif,
que nous inondent et
nous animent
les sources
fraîches
de
la
vie.



-17-


M. Terreneuve Tuer un homme de l’intérieur, c’est simple.
C’est le crime le plus parfait qui puisse être perpétré.
Il suffit de l’ignorer.
Même avec les bêtes, ça marche.
Alors, avec les humains, vous pensez !
Prenez n’importe quel enfant, n’importe quel ado, n’importe quel adulte qui… qui fait quelque-chose qu’il pense le valoriser aux yeux des autres.
Un art, surtout.
Il s’efforce de faire bien, de progresser, de maitriser, de personnaliser sa création.
Il se montre heureux, en osmose avec son art.
Même si c’est balbutiant, même si c’est timide, perfectible, maladroit, tout ce qu’on veut, le seul fait d’être regardé, accepté, identifié, comme l’auteur de ceci ou de cela, le seul fait d’être soutenu, accompagné, permet à l’âme de s’embraser et de jeter les feux qu’elle a à jeter.
Cela dure ce que ça dure, il est des feux de paille, il est d’éternels volcans… Ceci est une autre histoire…
Le regard offert, l’écoute généreuse, la porte toujours ouverte !
C’est le terreau même de la confiance en soi de l’artiste.
On ne se reconnaît, on ne s’aime que dans le regard des autres !
C’est ainsi que se construit un humain. Et d’autant plus un humain qui a pris sur ses épaules sa part du « DIRE » et du « BRASIER de la CONSCIENCE ».
Je vous ennuie, Marie-Françoise, avec mes… mes… divagations de... vieux singe philosophe, non ?

Marie-Françoise Dites pas ça, monsieur Julien ! Ça m’ennuie pas du tout !
Si ça vous fait pas trop mal de parler de ça, au contraire, j’ai envie de savoir… comment…
qui… c’qu’on pourrait…
Excusez-moi, chuis désolée, mais là, faut que j’m’en aille, là… La sortie de l’école…
Si j’venais un peu plus tôt, demain après-midi, j’aurais le temps de mettre une tarte en route et vous pourriez…
Si vous voulez, bien sûr…

M. Terreneuve Va pour la tarte, « Madame » Marie-Françoise, va pour la tarte…




-18-


Mme Gilberte Vous m’entendez ? Ce n’est pas au mur que je m’adresse, c’est à vous.
Demain matin !
Je repasse demain matin !
S’il reste un papier, une cochonnerie, une tache par terre, c’est la porte, Monsieur TERRENEUVE !
Vous avez signé un contrat, je vous le rappelle, Monsieur TERRENEUVE !
Et ce contrat est clair, net et précis :
Les locaux doivent rester propres, être quotidiennement entretenus.
Il n’est prévu nulle part qu’ils puissent être transformés en foutoir !
Car c’est redevenu un foutoir, ici !
Vous avez à peine tenu trois mois.
Et ça recommence !
Ça dégénère !
On ne sait plus où mettre les pieds !
C’est redevenu une écurie !
Vous en êtes conscient, au moins ?
Vous vous en rendez compte ?

M. Terreneuve Ceci, Madame, est un atelier…
Un ATELIER d’ARTISTE !
Un ATELIER d’ARTISTE !
Pas une chambre d’hôpital… Pas une salle d’opération !
C’est un peu anarchique, l’art, vous savez…

Mme Gilberte Vous êtes hébergé dans un appartement thérapeutique, Monsieur TERRENEUVE, pas dans un LOFT de Bobo du Marais ou de Saint Germain des Prés !
J’ai pour mission de vous réapprendre la gestion du quotidien, les gestes simples de la vie d’un homme normal !
Je suis là pour vous réapprendre à vous laver, à manger proprement dans une assiette, avec des couverts et à boire dans un verre !
Je suis là pour veiller à ce que vous portiez des habits des slips et des chaussettes propres, sans traces de merde et de vomi !
Je suis payée pour surveiller vos progrès, pour les solliciter et les hâter, au besoin!
Que cela vous plaise ou non, cela m’est complètement égal !
Je n’aurai, à votre endroit, aucun état d’âme !
Vous m’avez comprise ?

M. Terreneuve Je comprends que vous êtes une conne, « Madame » GILBERTE
Une conne doublée d’une fasciste !

Mme Gilberte Attention à ce que vous dites, Monsieur TERRENEUVE !

Marie-Françoise Monsieur Julien, Monsieur Julien, non ! Non !

M. Terreneuve Je comprends que vous non plus, comme toute votre société aseptisée de bouffeurs de savonnettes, vous n’avez aucune idée de ce qu’est un être HUMAIN !
Un Humain, je dis bien un HUMAIN !
Je ne suis pas un meuble qu’on cire et qu’on astique bien face à la fenêtre pour faire beau dans le décor !
Je ne suis pas un bibelot précieux exposé à l’abri de la poussière dans une cloche de cristal !
Je ne suis pas une belle poupée blonde à qui l’on apprend à faire la révérence devant les grandes dames !
Entre parenthèses, si vous saviez ce qui passe par la tête des petites poupées blondes et ce que cherchent à voir leurs yeux de jade !
Je ne suis pas un chimpanzé en tutu qui montre sur le sable de la piste du cirque comme il a bien appris le maniement du plumeau et de la trompette pour toucher la récompense d’un bonbon à la banane et des applaudissements du public !
Je ne suis pas un de vos merdeux de petits commerciaux cravatus qui considèrent leurs contemporains pour des tirelires à pattes ! Vos ablatés de la conscience !
Propres et ripolinés comme des poules de luxe mais pourris de l’âme comme des poires oubliées au soleil d’orage !
Je ne suis pas…

Mme Gilberte Je ne sais pas ce que vous n’êtes pas, mais je sais ce que vous êtes !

Marie-Françoise Madame GILBERTE… s’il vous plait…

M. Terreneuve Allez-y, espèce de crétine Nazie…
Regardez un homme en face et jetez-lui votre mépris à la figure…
Si tant est que j’aie une figure…
Comme on dit des humains qu’ils ont une figure quand on leur accorde le statut d’Humain authentifié !

Marie-Françoise N’en rajoutez pas, Monsieur TERRENEUVE ! Est-ce que vous savez ce qui va arriver ?

(Mme GILBERTE s’assure que la porte donnant sur l’extérieur est bien fermée)

M. Terreneuve Vous avez peur des oreilles indiscrètes ?
Vous vous apprêtez à sortir des horreurs ?
Et votre petite collègue, elle est priée de se boucher les écoutilles ?
Ça parle, des fois, les subordonnés, vous savez, ça témoigne… et pas toujours dans le bon sens !

Mme Gilberte Des comme vous, mon pauvre Monsieur TERRENEUVE, des types dans votre genre, infoutus de travailler pour gagner leur pitance, trop paresseux, trop fainéants, trop imbus de leur personne pour consentir à tenir un balai ou pousser une brouette, qui méprisent les simples gens assez cons pour se lever tous les matins à cinq heures pour nourrir leur famille, des gens de votre acabit, qui préfèrent gémir sur leur sort, pleurer à tous les guichets de l’assistance sociale au lieu de se lever le cul, de se prendre en main et de retrousser leurs manches, qui passent leur temps - et Dieu sait que vous en avez !- à cracher sur une société qui leur fournit tout, de la bouffe aux fringues en passant par le papier-cul et sans oublier, bien entendu les litrons de pinard et de Pastis, des comme vous que, comme il n’y a pas longtemps, j’espère que vous vous en souvenez, on retrouve à moitié bouffés par la vermine tellement ils ont transformé leur chambre en bauge à cochons, traînant lamentablement dans leur pisse et leur excréments, des « casocs » pareils, je m’en tape dix par jour !
Et tous le même discours, et toujours la même rengaine : victimes de la société, victimes des patrons, ces monstres mangeurs d’enfants, tous victimes de leur mère, de leur femme, de leurs enfants ou de Dieu sait qui !
Victimes !
Victimes !
Victimes !
Comme on dit maintenant : des « Accidentés de la vie » !
Des milliers, des millions d’accidentés de la vie !
Des hordes de handicapés sociaux qu’il faut tenir par la main du matin au soir et du soir au matin!
Et qui ne s’en sortiront jamais pour la bonne raison qu’ils refusent de faire quelque effort que ce soit pour cela!
Je ne vous méprise pas, Monsieur TERRENEUVE, je ne méprise personne.
Je vous dis juste ce que je vois quand je vous regarde !
Vous et vos congénères.

M. Terreneuve Pourquoi ne pas dire le mot ? … Un parasite… C’est bien cela… Je suis un parasite, nous ne sommes tous que des parasites ?

Mme Gilberte Demain matin, Monsieur TERRENEUVE, demain matin !
Je vous le laisse, Marie-Françoise.
Faites pour le mieux. Je compte sur vous pour…



-19-


Chœur Monologue d’Odile la « SDF » parlant à son ours en peluche, dans la pièce « LIGNES DE FUITE »

Pov’ gars, keskil’y comprend, hein ?
Trop bas, kil est, tout au fond d’sa boutanche
L’a pas les yeux pour voir
Des beaux yeux frais comme nous
T’sais Kiki, chuis sûre ki regarde jamais là-haut
Ki lève jamais la tête en l’air
Vers c’tes étoiles toute brillantes
Vers la Grande Ourse… La Grande Ourse….
C’est ton pays, hein
C’est d’là k’tes v’nu
Pour m’cajoler
Pour m’consoler
Pour m’tenir bien chaud, bien doux…
C’est dur, tu sais
D’êt’toute seule
A même pas avoir un vrai coin pour s’ blottir
Quand y fait froid
Quand y pleut
Quand c’est tout triste au fond,
Quand y’a les mots des autres
Ki t’mordent avec leurs dents toute pointues
Et ki t’lâchent pas
Et ki s’éloignent comme si tu pues
Comme si t’as la gale…
C’est pas ma faute, moi
Si chuis par terre
Avec mes cartons, mon chariot
Mes fringues toute moches
Toute qui puent
Pourtant j’les lave des fois, tu m’as vue,
Mais l’eau toute seule,
Quand t’as pas le savon, les produits, les trucs k’y faut…
C’est pas ma faute
Si chuis là toute seule
Si Maman l’est morte
Si elle est partie comme ça
Sans rien m’laisser
Même pas sa maison
Ki z’ont donnée à l’aut’ méchant
K’ toutes nos affaires
Y les ont mis à la poubelle
Ou k’y z’ont pris pour chais pas ki…
Trouvent ça normal, les aut’
La fille de l’ancienne concierge ?
Ah ben l’est là, dehors, sous la flotte
A dormir sur son carton !
L’a pas d’maison
Mais c’est normal
Sa mère, l’avait ka pas…
Pis, c’est elle qui veut bien,
L’a une place toute prête…
A l’asile !
Chez les dingues !
Chez les dingues ?
Non, mais, pour ki k’y m’prennent ?
Chuis pas plus maboule k’leur pomme
K’y s’prennent la tête
Pour tout un tas d’trucs, un tas d’ machins
Y savent même pas quoi
Y z’en ont jamais assez
Y trouvent k’y’a trop d’gens sur Terre
K’y faut en foutre à la poubelle !
K’t’es toujours trop ci
K’t’es toujours trop ça
Ou t’es trop Noir, ou t’es trop Beur, ou t’es trop Blanc
Ou t’es trop Jaune, ou t’es trop Rouge, Vert, Bleu…
Y peuvent pas voir kelk’un ki leur ressemble pas
Sans avoir envie d’le mouliner
Et c’est moi k’est dingue
K’a sa place à l’asile !
Mais on ira pas là-bas, hein, mon Kiki à moi
On ira pas derrière leurs vilains murs tout noirs
Derrière leurs f’nêt’es toute sales
Pleines de grillage
K’on voit même pas les étoiles à travers
K’tu peux même pas avoir une plante verte,
K’elle crève tout’d’suite
Tellement k’y’a pas d’lumière qui passe
Ke c’est toujours tout gris
Avec des gens k’ont plus leur tête
Ki crient toute la journée
Ou alors ki dorment en bavant
Tellement k’on les bourre de cachets
De piqûres….
Mais pas les piqûres, hein, Kiki
Pas les piqûres !
Y peuvent s’les garder, leurs piqûres
Z ’ont k’à s’les mettre où j’pense
On en a pas besoin d’leurs piqûres
On est pas malades, nous, hein, Kiki ?
Nous, on d’mande rien,
On d’mande rien à personne,
Juste k’on nous foute la paix,
K’on nous laisse tranquille sur not’ carton
A regarder les étoiles
A écouter c’k’elles nous disent
Pas’k’elles nous parlent, les étoiles
Elles nous parlent et surtout
Elles nous chantent, hein, Kiki, hein,
Elles nous chantent au creux de l’oreille
Des mots tout chauds, des mots tout doux
Et toi aussi tu les entends, hein,
Tu les entends
Les chansons des étoiles…


Préc. Tab. 15-16-17-18-19 Suiv.

Denis MARULAZ "Dissolution d'un ectoplasme". Texte déposé Sept. 2010

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